Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, despuys les dernières lettres de monseigneur de Gordes
2et votres que jay repceu, jey retrancé ma compagnie à cinquante
3homes comme il mestoyt commandé, atandu la trefve et ay perdu
4bien cinquante arquebuziers, qui a esté cauze que despuis cella
5les uguenaulx nont cessé, ne sessent tous les jours de venir
6saquager les granjages d’Esteniac et prandre prisoniers et
7la fourteresse aport darquebuzade et an prindrent yer
9ransonner à cinquante escus au solheilh ; et oultre cella, prindrent
11tout le bestailh de Sirone et dung aultre massagier appellé
12Pierre Allement et lont mené vandre à Serres, et mille aultres
13ravages quilz fonnt tous les jours. Aussi, ilz nous hont rompu
14tous les molins à unne lieuue à la rounde, tellemant quil ne
15nous feust jamays plus nessesaires davoir bonn nombre
16dhomes pour resister à telles violances que aussi pour
17se preparer datandre ung siège que nous aurons bien
18tost comme jay antandu par plusieurs et divers
19advertissement aveques quelques piesses de campagne
20qui se sonnt faictes dedans Cerres et un couple quilz en font
21venir du costé de Nions, dequoy je suys bien ayse pour le dezir
22que jay de vous faire conestre combien je dezire de fère
23hont avancé contre moy quand jaurès ancores
25moindre nombre de soldatz que je nen ay. Bien est vray
26quil me samble que ceste ville meriteroyt davoir melheurs
27nombre dhomes que pluzieurs aultres garnisons qui sont
28plus eslognées de lanemi que nous, car il ne passe jour
29quelconques que nous ne nous voyons. A Rozans sont arrivés
30sant arquebuziers et tous les jours san assamble tant
31là que aultres villaiges sirconvoysins, de quoy vous plerra,
32monsieur, advertir monseigneur de Gordes, affin quil luy
33playse volloir remettre ma dite compagnie à sant homes,
34car à moyndre nombre ne povons rien faire qui valhe ne nous
35bien garder, veu la force de lanemi que nous avons tout
36[207 v°] autour de nous sur les bras. Mondit seigneur de Gordes
37ma comandé que pour lantretènement de ma compagnie,
38je men adresse à vous pource quil vous a faict antandre
39ce quil an a ourdonné, qui est la cauze que ce pourteur
40san vua acompagné de la presante pour vous remostrer
41que atandu la pouvretté et longue folle que ce pouvre lieu
42a souffert, quil vous pleize metre peyne de fère partir le
43comissayre pour nous faire fère mostre car si le poement
44estoyt differé et que fussions poyés moys pour moys, les
45habitans destenille seriont antierement ruynés et la
46plus grand partie diceulx ceroyt contrainctz habandoner
47leurs meysouns ; et au cas que le comissaire ne peusse
48venir, quil vous playse me fère antandre si je puis fère
49faulte de prandre les contribussions, atandu que mondit
50seigneur dict par[r] sa lettre que, estant poyé, je feray sesdites
51toutes contribussions, il seroyt fort nessesaire aussi
52davoir permission de prandre quelques blés et vins
53sur les villages qui nous sount contribuables , toutesfoys
54an poyant an telle quantité et au taulx quil seroyt son bon
55pleysir an ourdonner, atandu la petite prise que a esté
56an ce peys et aussi le brulement des greins dessquelz
57pourrions avoyr faulte si les affaires tumbiont an plus
58grande long[u]eur. Messieurs d’Aiguebelle, mes cozins,
59et toute leur familhe sont, grasses à Dieu, an bonne santé,
60comme nous sommes tous, qui me fera fère fin à ceste, nayant
61aultre choze digne de vous, par mes très humbles recommandations
62à vos bonnes grasses, priant sur ce le Createur,
63monsieur, vous avoir an sa sainte et digne garde. De Saint
64André an Ronzanoys, ce 17 dezembre 1573.
65Votre très humble et obéisant serviteur
66Et nepveu
67Lasalle